Voilà encore un nom de village qui prête à sourire...
Son origine vient d'un couvent de religieuses qui occupera longtemps le centre du bourg.
Sur la rive droite de l'estuaire, il est le gardien du Pont Saint-Hubert, du côté du département d'Ille-et-Vilaine.
L'église, située au centre du village dans un îlot de verdure, n'a pratiquement pas changé depuis son édification. La commune deviendra paroisse indépendante le 19 décembre 1847 sous le nom de Sainte-Anne sur Rance. Elle ne gardera pas ce nom bien longtemps, reprenant celui du surnom de ses fondateurs, les nonnains, dès 1849.
La première pierre de l'église sera déjà posée le 10 août 1847, l'abbé de l'époque (un nommé Bodin) pressentant la future érection de la paroisse. Elle sera couverte dès le 23 novembre de l'année suivante, s'étendant jusque sur les fondations d'une ancienne chapelle. Le clocher ne fut toutefois achevé qu'en 1855.
La vieille chapelle qu'il fallut démolir pour permettre son érection, faisant partie d'un monastère qui donnera son nom au village, fit pourtant l'objet de transformations jusqu'en 1846 ... Elle appartenait au couvent des nonnains (nom donné aux religieuses du lieu) dont l'érection date de la fin du 12ème siècle. Ce domaine religieux comportait plusieurs bâtiments d'une certaine importance dont l'essentiel a été morcelé pour disparaître progressivement. Jouissant de prérogatives féodales, du droit de basse et moyenne justice, les religieuses abandonneront leur couvent en 1729. Il n'en reste aujourd'hui que quelques pierres et le souvenir de l'ancien réfectoire. Ce dernier fut reconstruit en demeure privée après une lente agonie et sera longtemps surnommé la "Maison aux Nonnes". Situé à l'angle de la route menant à l'église, précédé d'une petite cour fermée, il a effacé tout souvenir de sa vie antérieure ....
Quelques vieilles demeures ont été bâties sur le territoire de La Ville-es-Nonais, datant du 16ème au 18ème siècle. Si vous poursuivez votre découverte de la vallée de la Rance après avoir traversé le bourg, en direction du mont Garrot, au croisement des deux routes menant à Saint-Suliac vous pourrez longer une propriété en bien piteux état ressemblant à une ferme fortifiée. En réalité, il s'agit de l'ancien manoir de la Baguais. Son origine date du début du 16ème siècle et il a bien perdu de sa superbe au cours du temps. Flanqué d'une chapelle qui disparaîtra au 18ème siècle, d'une prison (détruite en 1870) et d'une "Maison des Dêmes" aussi nommée "Présidial", il n'est plus que l'ombre de lui-même, attirant encore le regard par sa partie sud constituée d'une belle tour en angle soulignée d'une corniche à modillons. Il fut une résidence du comte Guillaume de Marboeuf, conseiller puis président du parlement de Bretagne. Il n'est plus aujourd'hui que remises, étable, écurie et fenil ouvert par les ruines d'une ancienne entrée monumentale sur une cour, elle aussi bien délaissée ...
C'est en y entrant et observant quelques temps les animaux de la basse-cour que me vinrent, un beau jour de printemps, quelques réflexions que je couchai sur le papier : voyez plus loin !
Cette commune est essentiellement intéressante, comme celles que vous avez déjà pu traverser en ma compagnie, par le site qu'elle abrite en bord de Rance.
Si vous quittez le village par la route menant à Plouer-sur-Rance vous longerez, un peu plus loin, le cimetière de La Ville Es Nonais. Après quelques centaines de mètres sur le plateau, elle redescend vers Port Saint-Jean.
A l'entrée du hameau, devant un bien vilain pignon de maison portant les traces d'anciennes peintures, un très vieux calvaire paraît en marquer la limite originelle. Datant probablement du 12ème siècle et dédié à Sainte-Anne de Rance, il n'est malheureusement pas mis en valeur, souvent caché par les véhicules qui stationnent sur la petite aire qui est censée en permettre l'accès ...
La niche abritait une statuette en bois représentant la Sainte. Après avoir échappé à l'incendie, aux pillages, à la Révolution, retrouvée miraculeusement puis réinstallée sur son socle ... elle a disparu, il y a quelques années, emportée par un voleur. Triste siècle !
En passant au large lors d'une promenade en bateau, on peut admirer les villas contemporaines
qui se sont accrochées au flanc Sud du village.