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Sur un pré verdoyant du fin fond des campagnes
Un harem de poulettes se bourraient les entrailles
Picorant de ci de là petites graines et gros vers
Sous le regard de Maître Coq le pervers.
Fort de son autorité, le mâle flamboyant
Volait de l'une à l'autre, prodiguant ses talents
Quand du ciel soudain, une ombre descendit
Se posant sur une branche, devant le coq ébahi.
Se grattant la tête d'une serre manucurée,
Celui-ci, interdit, vit un ange passer.
Mais que voilà donc une belle poule !
Se dit-il, et, ma parole, elle roucoule !
Dame Colombe, qui était un brin allumeuse,
Se mit à lisser ses ailes, d'une patte enjôleuse,
Se disant : après tout, dans cette région,
Les beaux mecs, faut l'dire, ne sont pas légion !
Clignant de l'oeil au vil séducteur,
Elle entendit jusque là les battements de son coeur !
Maître Coq ne pouvant désormais résister,
Lui fit la roue, entre autres imbécilités !
S'approchant d'elle d'une démarche pompeuse
Il voulut faire son affaire à la gueuse !
Sûr de lui et sans faire le détail,
Il fonça tête baissée en criant "Banzaï !"
C'était un cri qu'il entendit autrefois
Pendant la guerre entre américains et chinois.
La mâtine, tremblante, ne pouvant résister,
Se laissa faire, attendant un baiser.
Se démenant, pestant, suant sans y arriver,
Le coq se demandait : que peut-il donc se passer ?
J'essaie en vain de présenter mes hommages ;
Est-ce que déjà ce serait les atteintes du grand âge ?
Mais ces deux ignorants n'y avaient pas pensé :
Ils n'étaient pas du tout faits pour s'aimer !
Fou de rage, râlant, Maître Coq s'en alla,
Et encore chancelante, la colombe s'envola.
Morale de cette histoire :
Beauté et intelligence vont rarement de pair,
Un peu de bon sens fera parfois l'affaire
Mais devant l'abîme de bêtise de certains,
On ne peut répondre que par le dédain...
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