Dernier village avant le barrage, Quelmer fait néanmoins partie de la ville de Saint-Malo, Saint-Servan étant le tampon entre les deux bourgades.
Avant d'entrer dans ce village, en venant de Saint-Jouan des Guerets, vous longerez le mur d'enceinte du château du Bosc, d'aspect extérieur austère, typique des grandes malouinières de la région.
Il a été construit en peu de temps pour l'époque, de 1715 à 1717, sur les ruines d'un ancien manoir. La famille Magon le voulait digne de son renom et fit importer le granit de Chausey pour l'édifier et le marbre d'Italie pour en faire réaliser les cheminées ainsi que 4 statues représentant les 4 saisons.
Ces dernières ornent un parc de 10 hectares qui descend en pente douce vers la Rance, agrémenté d'un jardin à la française. L'intérieur du château n'est pas en reste et le luxe des différentes salles faites de chêne lambrissé et de marbre sculpté est à la mesure de la puissance des riches armateurs qu'étaient les Magon. La chapelle a été construite en périphérie de la propriété : elle est située au bord de la route descendant vers le village, à côté du mur d'enceinte.
Descendez cette petite route et prenez la première ruelle à gauche (au coin de cette ruelle, dans un jardinet privé, vous observerez un curieux calvaire, datant de 1806). Poursuivant vers le vieux bourg, prenez à nouveau à gauche : à 50 mètres, haussez-vous sur la pointe des pieds : ce sera le seul moyen de voir le château et son parc, par l'arrière ... Sauf à le visiter moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.
Continuez ensuite vers la rive d'un petit bras de mer et suivez le sentier : il vous mènera, après une boucle, au seul cimetière de bateaux de la Rance.
Au fond de la petite crique, dans un dernier échouage, chalutiers, cotres et caboteurs tournent désormais le dos à la mer ...
Une certaine nostalgie se dégage de ce lieu, rapidement dissipée par la présence d'un chantier naval occupant en partie les entrailles d'un ancien cargo de bois échoué sur la grève.
Eparpillées sur la plage et se balançant mollement au gré des marées, les membrures des vieilles carcasses semblent attendre un dernier coup de grâce avant de mourir ...
Les nuits où le vent souffle en tempête, les bois mortifiés craquent sinistrement et, selon les dires de promeneurs attardés au crépuscule, on peut apercevoir, à la pleine lune, des ombres furtives se faufiler entre les coques agonisantes.
S'agirait-il de marins disparus, venant reprendre la barre de leur bateau afin de les engloutir dans le néant avec eux ... ?
Vous pourrez continuer, soit par la grève si la marée est basse, soit par la petite route qui surplombe le chantier, vers la cale de La Passagère.
Ce hameau prolongé par une petite plage de sable doré (mais où il est interdit de se baigner en raison des courants violents : nous sommes très près du barrage) doit son nom au bateau qui, dans le passé, permettait de faire la traversée vers Jouvente ou La Richardais.
Ce lieu connut, il y a bien longtemps, un drame horrible qui fait encore frémir les conteurs qui le relatent ...