Montmarin, ... suite

S'il fut à l'origine de changements architecturaux, il transformera surtout l'accès principal de la propriété : la grève. Au Sud de celle-ci, la souille creusée par le Dic de Créhen, un petit ruisseau, sera fermée par une digue de pierres ouverte en deux endroits : un batardeau destiné à réguler la mise sous eau de l'étang et une vanne en permettant l'assèchement. Ces aménagements complétés par des quais destinés à faciliter l'approvisionnement en matériaux transformèrent ainsi une simple crique en cale sèche autorisant jusqu'à sept chantiers simultanés ! La superficie des installations, un hectare, permettait alors la construction de navires de guerre fortement armés : jusqu'à 86 canons ! Il en sortira également des paquebots et des navires marchands, des corvettes, frégates et autres embarcations de belle taille. Ce chantier naval, le plus important dans l'estuaire, occupera jusqu'à 1200 ouvriers travaillant aussi bien le gros-oeuvre que l'armement des bateaux : les ateliers de forge, de corderie, de mâture ou de carénage borderont une cale devenue un véritable port qui verra son développement stoppé à l'avènement de la Révolution. Sans plus de commandes, Benjamin Dubois vendit les installations en 1792 à un pouvoir révolutionnaire qui, méfiant à l'égard de la fronde malouine, voulut en faire un port militaire. L'opposition de Saint-Malo, la désorganisation de l'Etat et son manque d'argent amenèrent le Directoire, après diverses péripéties, à annuler la vente et restituer le domaine en 1798 à son ancien propriétaire qui n'avait jamais été payé ...

Si l'exploitation du chantier naval reprit alors une certaine importance jusqu'en 1811, un nouveau déclin amenera l'héritier de B. Dubois, son fils, a transformer les lieux afin d'y entamer une activité devenue alors florissante : le moulage des céréales produites dans le pays.

le moulin de Montmarin en 1900le moulin de Montmarin en 1900

Il transformera la "cale sèche" en étang de retenue et construira un moulin à marée dont l'activité sera assurée jusqu'en 1917. Le moulin n'aura tourné que l'espace d'un siècle, beaucoup moins longtemps que la plupart des autres moulins de la Rance. La fin du dernier conflit mondial amènera sa destruction ...

Ci-dessus, l'ancienne installation ; ci-dessous, on remarque que seuls subsistent les fondations de l'écluse. La petite maison du meunier a été maintenue en bon état et borde le chemin menant à la cale, réduite désormais à sa plus simple expression.

ruines du moulin de Montmarin en 2000ruines du moulin de Montmarin en 2000

Pendant ce temps, l'activité navale ne cessera toutefois pas mais sera transférée sur la grève. Elle sera moins importante, construira des embarcations de plus petite taille puis finira par disparaître totalement en 1840. Elle ratera l'essor de ses voisines tournées vers la "Grande Pêche" et la construction des Terre-Neuvas ...

Mais Pleurtuit avait le privilège, l'étendue de son territoire le permettant, de disposer de deux moulins en bord de Rance. Le second, plus ancien puisque construit en tout début du 19ème siècle, est généralement associé à sa commune voisine, La Richardais.

aux abords du moulin de Montmarin

C'est un peu plus loin, en revenant sur Jouvente, que l'on arrive à l'anse de Montmarin qui abritait l'ancien chantier naval et le site du moulin à marée. A cet endroit, la falaise a laissé place à une étendue herbeuse entre mer et bois où les promeneurs du dimanche trouvent un havre propice au repos. Partant de là, un ponton de bois fait office de cale que les riverains empruntent pour accéder aux embarcations modernes qui ont remplacé frégates et goélettes.

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