Au début du 20ème siècle, le pont avait un aspect très différent de celui que vous verrez lors de votre balade !
Sa construction débuta en 1879. Il était destiné au passage d'une ligne de chemin de fer reliant la Bretagne à la Normandie. D'une hauteur de 32 mètres et suspendu entre les points d'appui sur 96 mètres, le viaduc d'origine était d'un poids de 1000 tonnes environ.
Bombardé en juin 1944 par les alliés, il restait toujours debout. La plupart des bombes furent larguées aux alentours, provoquant morts et dégâts (dommages colatéraux ?.....)
Ce sont les troupes allemandes qui le firent finalement sauter le 2 août 1944.
Décidément, tout le monde en voulait à ce pont .....
Sa reconstruction fut un véritable tour de force mettant à contribution toute la population vivant sur les deux rives de la Rance !
La pose du tablier se fit de façon spectaculaire : en un jour, un cintre en bois pesant 110 tonnes fut installé entre les piles du pont !
Ce système ingénieux fut mis au point afin de couler le béton constituant l'arche. Si la pose de ce coffrage fut rapide, il n'en fut pas de même pour couler le béton destiné à supporter non seulement la ligne de chemin de fer mais aussi les pierres de taille qui le parachèveront. Il faudra un mois où, sans relâche, des ouvriers malaxeront un mortier dont les couches successives constitueront l'ossature de l'ouvrage. L'acheminement des pierres de taille sera assuré par des traineaux tirés par des chevaux menés eux-mêmes par des enfants d'une dizaine d'années ! De part et d'autre de la rivière, des chemins seront taillés sur la falaise pour permettre l'accès au chantier, en trois étages menant jusqu'au sommet.
Si vous venez du Dic, petite vallée descendant de La Ville es Pois, hameau de La Vicomté sur Rance, laissez vos pas vous mener jusqu'au pont et admirez ensuite la vue : en amont se dresse le rocher de la Demoiselle. Plus loin, le Mont Joly domine la courbe de la Rance dans laquelle se blottit le hameau du Chatelier. En aval, le manoir du Chatelier-Guitrel surplombe la rivière au bord de laquelle sa petite cale privée permet l'accostage de ses occupants. Plus loin encore, le courant d'une eau tranquille descend vers la berge de Morgrève.
A marée basse, les abords du pont, sous le manoir du Chatelier-Guitrel, étaient très fréquentés, surtout le dimanche. Descendant le chemin qui débouchait de la petite gare du hameau de La Hisse, les familles venaient s'y promener, pêcher, voire se baigner, sur une plage qui était alors constituée de sable fin ...
Les choses ont bien changé depuis la construction du barrage et les anciennes plages sont maintenant recouvertes de vase et de limons qui s'y sont accumulées depuis les années 60 ...
A marée haute, c'était au tour des péniches, des gabares et des voiliers à circuler.
Ils accostaient parfois sur les berges de Saint-Samson, au pied du chemin qui descendait du hameau de La Hisse où s'arrêtait le train à vapeur. Une charrette à bras ou un chariot plus lourd tiré par un cheval les y attendait. Si aucun quai n'y existait, un léger ponton de bois permettait toutefois de charger un complément de marchandises, le plus souvent quelques fagots ou du blé à moudre.
Reprenez ensuite le chemin, toujours sur la rive droite, à l'entrée du pont : un petit bois parcouru de multiples sentiers, menant tous à Morgrève, vous offrira un accueil ombragé permettant d'admirer sur l'autre rive, du moins en hiver, une colonie de 5 à 6 couples de hérons y trouvant un abri tranquille et un lieu de pêche idéal. Souvent, un couple d'aigrettes y passe aussi la mauvaise saison. C'est également sur la grève bordant ce bois que vous pourrez observer, toujours à la même saison et jusqu'à la fin du printemps, une colonie de couples de tadornes de belon, parfois accompagnés d'une progéniture nombreuse. Le calme de l'endroit est propice au développement et à la quiétude d'une faune variée allant de l'oiseau migrateur à l'écureuil en passant par le pic épeiche, le hibou, le geai, le pinson, le coucou, la mésange, etc...