Morgrève

Souille descendant du vieux bourg, elle en était dans le passé le port d'échouage des gabares. Diverses marchandises telles bois, cidre, engrais, etc... y étaient chargées ou déchargées selon leur destination. Au début du 19ème siècle, des marchands de bois installeront des "chantiers" dans la descente du vallon menant à La Rance. Six concessions seront allouées à six exploitants qui developperont ainsi le bourg de la "Vieille Vicomté". En ce temps là, à la cale, il existait une petite habitation construite en retrait de la rive, adossée à la falaise qui avait fourni les matériaux pour son édification. Elle était occupée par une famille qui comptera jusqu'à 14 personnes. Dix d'entre elles mourront entre 1847 et 1850, les autres abandonneront la petite maison devenue maudite ... Nul ne sut jamais ce qui était advenu et le mystère plane, aujourd'hui encore, sur cet évènement qui n'incita plus personne à habiter les lieux ... Toute trace de cette habitation et des anciennes installations a totalement disparu ... Il reste néanmoins un témoin visible de cette activité passée : l'ancien débarcadère taillé à angle droit dans un important bloc de granit.

souterrain secret à Morgrève

A quelques pas, niché dans un coin de la falaise, subsiste un témoin du passé attaché à l'histoire du château de la Bellière, pourtant distant de plus d'un kilomètre. Il s'agit d'une voûte en pierre dont l'accès est depuis longtemps interdit ; elle est l'aboutissement d'un ancien passage souterrain reliant le château à la cale, creusé par ses propiétaires afin de protéger leur fuite en cas de conflit. Ce passage est depuis longtemps condamné car le souterrain s'est effondré. Si certains sceptiques affirment que cette destination relève de la légende, d'autres, curieux de l'histoire du domaine de la Bellière y croyent pourtant. A quelques pas de la chapelle du château, en contrebas de celle-ci, s'ouvrait en effet un autre passage ... Se donnant des allures de vieux puits, lui aussi est désormais condamné ...

Cette histoire fait partie de celles qui sont racontées à la veillée. On y chuchote même qu'elle fut un passage pour certains rendez-vous galants ... mais là, sans doute, ces commérages relèvent de la légende ....

souterrain secret, Morgrève

Morgrève est le refuge des derniers carrelets de la rivière. Jusqu'en 1999 un seul était encore utilisé, restauré par le District afin d'intéresser les enfants des villages à cette ancienne activité. Cette initiative a provoqué des émules car deux autres cabanons ont été remis en état et ils revivent désormais au gré des marées ...

En face, sur l'autre rive, le moulin de Rochefort dresse sa masse imposante. Très bien restauré dans sa partie habitation, il est toujours occupé toute l'année quoique n'étant plus en fonction.

fontaine de Morgrève

En remontant la petite route vers le bourg, après être passé devant un ancien lavoir restauré en 1998, une des nombreuses fontaines (il y en avait au moins une dans chaque hameau) permettait au promeneur de se rafraîchir. Une agriculture intensive et dévastatrice empoisonnant progressivement ses eaux, comme celles des autres d'ailleurs, en interdit désormais la consommation ...



vieux pressoir


Un peu plus haut, à gauche, un ancien pressoir à pommes s'abrite sous un toit de tôles ondulées. Bien entretenu par les nostalgiques des outils traditionnels, il produit chaque année quelques litres d'un breuvage qu'il est seul à pouvoir encore produire. Sous la presse imposante que feront tourner une bande de joyeux drilles, les couches de pommes intercalées entre les paillis de blé laisseront couler un jus qui, plus tard, sera servi aux convives d'une fête où crêpes et saucisses feront l'essentiel du repas.


Après cette petite halte, vous pouvez redescendre en direction de Morgrève. N'allez toutefois pas jusqu'au bout et empruntez la passerelle qui traverse le ruisseau, à droite.

lavoir rustique en 1900, Morgrève

A cet emplacement existait encore, au début du siècle, un lavoir très rudimentaire : alimenté par le ruisseau descendant de la fontaine citée plus haut, il était bordé de quelques pierres plus ou moins taillées. Certains disent que le cliché qui représente ce lavoir proviendrait plutôt de La Vicomté en Dinard ... la topographie des lieux se prête pourtant parfaitement à une telle installation et ressemble à s'y méprendre à la photo ...

Il y avait aussi, à quelques pas de là, de l'autre côté du chemin, un petit abattoir.


ruines à Morgrève

Il ne subsiste rien, ou presque, de ces activités : pierres et autres matériaux ont été récupérés pour la construction de maisons. Enfouies depuis des lustres sous une végétation dense, couvertes de ronces, les ruines de ce qui semble être un ancien cellier ont toutefois échappé au pillage et consituaient, jusqu'en 2002, les rares vestiges de cette époque. Mais à leur tour, depuis qu'elles ont revu la lumière, elles aussi disparaissent petit à petit, emportées jour après jour par quelqu'amateur de vieilles pierres ... Il n'en restera bientôt plus rien.

ruines à Morgrève

Opiniâtre, têtu, diront certains, j'avais la conviction de devoir poursuivre des recherches : c'est en 1999 que je les ai découvertes, adossées à la veine de granit qui avait fourni les matériaux nécessaires à leur construction.

Curieux d'en découvrir davantage, des émules ont remis à jour, en 2003, les restes d'un vieux mur. Caché, lui aussi, sous une épaisse végétation, construit sur un rocher que les anciens avaient surnommé "rocher Dominique", il domine l'ancienne cale, à quelques mètres en retrait de la rive. Il y a bien longtemps, il servait de quai lors des grandes marées et permit notamment le débarquement de pierres taillées qui serviront à reconstruire le pont de Lessard.

Le chemin carrossable qui descend du village, entre la fontaine et ce quai, était bordé d'une dizaine d'exploitations aux installations rudimentaires. Il s'agissait de concessions aujourd'hui tombées en désuétude, dont l'activité unique était le commerce et le transport du bois. Celui-ci venait des forêts avoisinantes, était scié et sommairement conditionné pour être ensuite chargé sur des gabares ou des chalands accostant à marée haute ou s'échouant sur la souille. De ces activités, aussi, toute trace a disparu. De çi, de là, parmi taillis ou ronces, émergent encore quelques rares fondations faites de pierres dont seules la symétrie laisse deviner qu'elles ont été posées par des hommes, il y a bien longtemps.

Passez le ruisseau et poursuivez votre découverte du pays en direction du belvédère du Prat.

Le sentier qui y mène est parfois escarpé mais facile d'accès. Etroit, parfois rocailleux, parfois traversé de vieilles racines qui sont autant de pièges, il vous offrira sur les hauteurs une très belle vue sur le moulin de Rochefort !


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