La Vicomté sur Rance

Parmi les plus petites communes de l'estuaire, La Vicomté est la première à avoir adopté la dénomination "sur Rance".

Son histoire est récente mais l'occupation de ses terres remonte au Moyen Age. Elle fut le refuge, dans un passé lointain, de tribus gauloises, notamment les Coriosolites. Il y subsiste d'ailleurs des vestiges encore visibles, quoique paraissant naturels, tel le site de l'éperon barré, non loin du hameau du Chatelier. Il s'agit d'une défense profitant de la configuration du terrain : une avancée de terre sur hauteur (éperon) protégée naturellement d'un côté par le cours de la rivière et artificiellement de l'autre côté par le creusement d'une tranchée profonde, refermant ainsi le campement et permettant d'en protéger plus facilement l'accès. Mais il existe des traces d'occupation humaine bien plus anciennes encore sur le territoire de cette commune : à l'Est, dans les terres, le site du Bois du Rocher témoigne de l'activité intense qui y règna.

pont de Lyvet en 1930, La Vicomté-sur-Rance

La Vicomté sur Rance dépendait de Pleudihen. Elle est devenue paroisse le 9 juillet 1870 et enfin commune indépendante le 7 avril 1877, reprenant le nom de "vicomté" par la volonté de souligner son origine chargée d'une histoire illustre, celle du château de La Bellière. Depuis 1461, en effet, alors qu'elle était une trêve de Pleudihen, il lui sera attribué le nom de "Vicomté de La Bellière", le titre des seigneurs de l'époque, les Raguenel, branche cadette des comtes de Dinan. Le château fut érigé au 13ème siècle et ses propriétaires successifs, vicomtes de Dinan puis de Poudouvre ajoutant ensuite à ce titre celui de La Bellière, étaient les seigneurs d'un pays comportant notamment le territoire de la commune actuelle. Les habitants de ce fief eurent d'ailleurs jusqu'au 18ème siècle pour seule lieu de culte la chapelle du château. Une chapelle indépendante, dédiée à Sainte-Anne des-Airettes fut construite en 1778 au centre du vieux bourg puis remplacée par l'église actuelle qui sera érigée en 1870. Cette chapelle a aujourd'hui disparu et ses pierres ont servi à construire certaines parties de maisons du village après sa démolition, à la fin du 19ème siècle.

La Vicomté sur Rance marque, sur la rive droite, la frontière biologique entre la Rance maritime et la Rance fluviale. Administrativement, en effet, le domaine maritime est considéré comme tel jusqu'en amont de Dinan.

Cette limite est marquée par le pont de Rance et son barrage, dans le prolongement de l'écluse du Chatelier située sur l'autre rive, sur la commune de Saint-Samson.

pont de Lyvet en 2000, La Vicomté-sur-Rance

Ce pont n'existait pas au 19ème siècle et il fallait louer les services d'un passeur pour se rendre d'une rive à l'autre. Par le passé, comme en bien d'autres endroits de la côte, ce service était assuré par des moines. Le premier pont, une passerelle faite de poutrelles d'acier, fut érigé en 1896. Détruite durant le dernier conflit mondial, elle fut remplacée par l'ouvrage actuel, dans le prolongement duquel un pont tournant fut érigé afin de permettre le passage des voiliers mais aussi des embarcations de dimensions importantes.

D'un côté la mer, de l'autre, l'eau douce, le barrage régulant des eaux parfois tumultueuses.

de Lyvet vers la mer, La Vicomté-sur-Rancequai de Lyvet en 1900, La Vicomté-sur-Rance

Sur le quai du port de Lyvet venaient accoster les nombreux bateaux faisant le transport de marchandises entre Rennes et l'embouchure du fleuve. Il y existait même un poste de douane. Les maisons qui bordaient le quai étaient fréquemment inondées lors des grandes marées, avant la construction de l'usine marémotrice.

Lieu de rencontre des adeptes de la pêche au carrelet et des badauds, le barrage permettant la régulation des eaux en amont était par le passé un des pôles d'intérêt du village. Un réglementation tatillonne en a décidé autrement, barrant son accès par une grille d'acier du plus vilain effet. Pourtant, il n'y avait pas vraiment de danger pour en arriver à des tels extrêmes : la profondeur de la rivière n'y dépasse que très rarement les 50 centimères, même aux grandes marées ! Ce petit coin animé et convivial a ainsi perdu tout son charme à l'aube du 21ème siècle et même les pêcheurs lançant leurs lignes depuis la jetée pourtant sécurisée n'ont plus droit de cité ...

Depuis l'avènement du tourisme de masse, l'aspect du quartier portuaire a bien changé a bien changé et, de petit port de commerce, il est devenu progressivement port de plaisance.

port de Lyvet, La Vicomté-sur-Rance

Ses pontons bien garnis, été comme hiver, attestent de son intérêt comme premier port en eau douce.

Parmi les points de vue qu'il ne faut pas manquer si vous entamez cette découverte de la vallée de la Rance, celui que je vous propose est proche des quais de Lyvet ...


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