Voilà une ville qui ne se visite pas : elle se vit ! Dans la dureté de ses pierres, vous retrouverez le sentiment de froideur des hommes de guerre qui ont défendu la cité au cours des siècles. En parcourant ses chemins de ronde, vous sentirez cette sensation d'invincibilité que confère la puissance de ses remparts face aux hommes et aux éléments. Et levant les yeux vers ses hautes maisons, vous aurez réellement l'impression d'être tout petit face à sa grandeur.
Des remparts à la plage qui part du Môle des Noires jusqu'aux abords du Fort National, entrant et sortant par les portes du guet et les chemins de ronde, vous découvrirez une des plus belles villes de France. Les hautes murailles dressées face à la mer expriment toute leur puissance vues du bas !
Au pied du château devenu musée, les brise-lames faits de troncs de chênes fichés dans le sable vous diront la force des éléments qui, lorsqu'ils se déchaînent contre les murailles de granit de la ville, les font vibrer en hurlant leur colère !
Et lorsque, fatigué de votre promenade vous entrerez dans la cité, vous pourrez y découvrir les ruelles qui abritaient ses habitants.
La fréquentation des bassins à flot a beaucoup changé en 100 ans.
A l'époque de la "grande pêche", Saint-Malo était l'un des plus importants ports d'attache des bateaux faisant campagne pour Terre-Neuve.
Les bassins à flot étaient régulièrement envahis de Terre-Neuvas, surnom de ces bateaux spécialisés pour la pêche au long cours. Leur nombre était tel que beaucoup d'entre eux devaient mouiller au large de l'estuaire de la Rance, attendant leur tour pour embarquer les victuailles et l'équipage pour une nouvelle
campagne.
Bien avant cela, déjà, un avant-port fut construit au large afin d'assurer le trafic à marée basse et
sans devoir échouer les navires. Taillé dans le granit des rochers protégeant la cité malouine, faisant face
à Cézembre, il était relié à la ville par une chaussée qui longeait le Petit puis le Grand Bé.
Abandonné depuis longtemps, il n'en reste aujourd'hui que quelques vestiges. Les coups de boutoir des tempêtes d'hiver éparpillent inexorablement un des derniers témoins de cette épopée sur les côtes du nord de l'Armorique ...
Avant le premier conflit mondial, 165 voiliers étaient encore armés pour la Grande Pêche ! La plupart étaient des 3 mâts jaugeant 200 à 500 tonneaux et embarquaient une trentaine d'hommes. Ils ont disparu les uns après les autres. En 1946, les deux dernières unités accostant encore dans les bassins étaient le "Commandant Louis Richard", transformé en bateau-école et désormais rallié à la flotte italienne sous le nom de "Palinuro" et le "René Guillon". Ce dernier a fini son existence en coulant en 1947, au large de la Malaisie. Son ancien commandant devint ainsi un des "premier maître à bord" du "Pingouin", l'un des chalutiers qui prirent la relève des Terre-Neuvas. Mais cette relève ne durera que quelques années, les bancs de cabillauds se raréfiant : les unités modernes se sabordaient elles-mêmes en pillant les eaux qui avaient nourri tant de générations !
Elles aussi disparaîtront les unes après les autres, par manque de ressources ...
Un grand nombre de ces marins étaient originaires des villages bordant la Rance.
De grand port de pêche, Saint-Malo est devenu au cours des années port industriel et de plaisance. A part une ou deux unités de chalutiers-usines, l'essentiel des bâteaux de pêche est maintenant constitué de coques destinées à des campagnes de quelques jours et surtout à la pêche côtière et saisonnière : selon l'époque de l'année, ce sont surtout coquilles Saint-Jacques, praires, crabes ou poissons migrateurs qui sont convoités.